Le rush aux comprimés d’iode

Il est inutile voire dangereux de prendre des comprimés d’iode en précaution contre la menace nucléaire.

Après le bombardement, le 4 mars dernier, de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia (six des 15 réacteurs nucléaires de l’Ukraine se trouvent dans cette centrale), des milliers d’européens se précipitent pour acheter les médicaments censés contrer les effets de la radioactivité. En France aussi l’inquiétude grimpe et une hausse significative des demandes de comprimés d’iode en officine a été constaté ces derniers jours.


Pourquoi ?

Parce qu’en cas d’incident nucléaire de l'iode radioactif peut être libéré et, si celui-ci est respiré ou ingéré, il se fixe sur la thyroïde et peut ainsi augmenter le risque de cancer de cet organe. Pour éviter que l'iode radioactif ne s'accumule dans la thyroïde, la prise d’iode non radioactif (iodure de potassium, iode stable) permet de saturer la thyroïde et limiter ainsi la fixation d’iode radioactif.

L’iode est un oligo-élément présent dans notre alimentation, indispensable au fonctionnement de la thyroïde.

Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), pour être efficaces les comprimés d’iode doivent être ingérés 2 heures avant l’exposition à la radioactivité, et au plus tard dans les 6 à 12 heures qui suivent. L’Agence de sûreté nucléaire (ASN) estime que la prise d’un seul comprimé, avalé ou dissout dans une boisson, suffit à protéger efficacement un adulte ou un adolescent, durant un à deux jours.

Néanmoins, l’iode stable ne protège pas contre tous les éléments radioactifs. En cas de présence d’autres éléments radioactifs d’autres mesures de protection supplémentaires sont nécessaires.

En outre, les comprimés d'iode peuvent, comme tout médicament, entraîner des effets indésirables.

La Pharmacie Centrale des Armées est le fabricant historique des comprimés d’iode en France. Le laboratoire SERB dispose également d’une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) pour les comprimés d’iodure de potassium.

En France, la distribution de comprimés d'iode de façon préventive est très réglementée et se fait uniquement et gratuitement aux populations localisées dans un rayon de 20 km autour des installations présentant un risque d’émission d’iodes radioactifs (centrales nucléaires, réacteurs de recherche et certaines installations de la défense). Pour les personnes non concernées par cette procédure, l’obtention des comprimés en pharmacie est possible sans ordonnance, selon les stocks disponibles et à titre onéreux.

La prise de comprimés d’iode après un événement nucléaire à l'étranger dépend de plusieurs facteurs tels que le type d’événement, son ampleur, le lieu où il s’est produit et les conditions atmosphériques favorisant le transport de la radioactivité.

L’iode stable doit donc être pris uniquement et immédiatement à la demande du préfet.


Sources :